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A Contretemps, Bulletin bibliographique
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Courrier du Monsieur
À contretemps, n° 18, octobre 2004
Article mis en ligne le 6 octobre 2005
dernière modification le 13 novembre 2014

par .

J’ai lu avec intérêt les nombreuses pages haineuses que vous consacrez à mon Histoire générale de « l’ultra-gauche ».

Je passe sur les arguments du style « bouquin journalistique », truffé d’erreurs, etc. Vous avez pu mesurer l’ampleur de ma tâche. Il se glisse forcément sur près de six cents pages – traitant de myriades de groupuscules – des erreurs factuelles. Je vous remercie d’en avoir relevé quelques-unes. Je m’efforcerai de les corriger au fil des retirages. Comme je le fais toujours. Il faudrait tout de même un jour que je demande la carte de presse.

Je glisse aussi sur le titre, « Cet étrange Monsieur Bourseiller », vaguement paranoïaque et inspiré de la prose lambertiste, qui laisse entendre que je pourrais dissimuler sous le masque de la sympathie critique une authentique malveillance.

J’aimerais user d’un démocratique droit de réponse pour vous faire part des remarques suivantes, qui concernent Socialisme ou barbarie.

1) Je n’ai jamais écrit que Socialisme ou barbarie était d’une quelconque façon responsable du délire négationniste. Je ne l’ai pas fait pour une raison simple : je ne le pense pas.

2) Il est vrai, en revanche, que Pierre Guillaume, « La Vieille Taupe » et les mouvements qui l’environnaient, tels Pour l’intervention communiste ou La Guerre sociale, n’ont cessé de se réclamer d’une filiation critique remontant à S. ou B. Devais-je occulter ce fait ?

3) Lorsque la campagne Faurisson a démarré en 1978, la grande majorité des petits groupes évoluant à l’ultra-gauche s’est ralliée aux thèses révisionnistes, en émettant diverses réserves. Ces groupes se réclamaient de l’héritage historique des gauches communistes et, pour la plupart, de leur branche « moderniste », incluant S. ou B. Je n’y peux rien, ce sont les faits. Devrais-je les taire, pour faire plaisir à un cénacle de retraités ?

4) Quelques « anciens » montent aujourd’hui au créneau contre mon livre. C’est leur droit. Mais pourquoi ces militants indignés n’ont-ils rien dit pendant plus de dix ans, alors même que « La Vieille Taupe » se réclamait indûment de l’héritage de Socialisme ou barbarie et que le terme « ultra-gauche » entrait dans le domaine public par la petite porte négationniste ? Il a fallu attendre 1991 pour voir apparaître une pétition nommée « Les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis ». Le silence prolongé des ex-sociaux barbares mériterait sans doute une analyse.

5) Je n’ai jamais cherché à ruiner la réputation d’une revue-groupe dont je mesure la richesse et l’intérêt. Répétons-le : Socialisme ou barbarie n’a rien à voir avec les révisionnistes, de même qu’un grand-père ne saurait être tenu pour responsable des frasques de ses lointains petits-enfants, même quand ceux-ci se réclament de lui. J’ai simplement tenté de restituer l’histoire de l’ultra-gauche, en tenant compte des heures de gloire et des temps de langueur.

Un mot pour terminer. Avons-nous fréquenté les mêmes manifs ? Alors que je militais à l’ORA en 1973, je fus personnellement chassé du cortège de la FA, parce que je brandissais un drapeau noir et rouge, aux cris martelés de « Noir, rouge, incompatibles ». Ce slogan m’est resté en mémoire.

Christophe BOURSEILLER