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A Contretemps, Bulletin bibliographique
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Notices biographiques
À contretemps, n° 28, octobre 2007
Article mis en ligne le 25 juillet 2008
dernière modification le 30 novembre 2014

par F.G.

ABAD DE SANTILLÁN, Diego (García Hernández, Sinesio, dit) (1897-1983). Né en Espagne, D. Abad de Santillán milita au sein de la Federación Obrera Regional Argentina (FORA), assumant la rédaction du journal La Protesta. En 1922, il représenta la FORA au congrès de fondation de l’AIT à Berlin. Lors de la guerre civile espagnole, il organisa les milices de Catalogne, avant de devenir ministre de l’Économie de la Généralité. En 1939, il parvint à regagner l’Argentine. Santillán, qui avait épousé Elise, la fille de F. Kater, contribua, par ses infatigables activités d’édition et de traduction, à diffuser les grands textes de l’anarcho-syndicalisme allemand (M. Nettlau, R. Rocker, etc.) en Espagne et en Amérique latine.

AUER, Ignaz (1846-1907). Haut dirigeant du SPD et chantre du réformisme depuis le milieu des années 1890, I. Auer devait écrire à Bernstein au moment de la « crise révisionniste » : « On n’écrit pas ces choses, on les pratique ».

BAGINSKI, Max (1864-1943). Cordonnier de métier, M. Baginski fut, selon M. Nettlau, « l’un des socialistes indépendants les plus radicaux ». Depuis 1890, il publiait un journal (Proletarier aus dem Eulengebirge), à Langenbielau, destiné aux ouvriers tisserands de Silésie – il aurait servi de guide dans la région à l’écrivain naturaliste Gerhart Hauptmann pour la rédaction de son drame Les Tisserands (1893). Résidant longtemps aux États-Unis – il collabora, entre autres, à la Freiheit de J. Most – et proche de E. Goldman, M. Baginski fut l’auteur de l’une des rares brochures en langue allemande consacrée au syndicalisme révolutionnaire d’avant 1914 : Syndikalismus. Lebendige, keine toten Gewerkschaften [Syndicalisme révolutionnaire. Des syndicats bien vivants], New York, Freiheit, 1909, 48 p. (en partie rééditée par la FAUD dans les années 1920).

BEBEL, August (1840-1913). Ancien ouvrier tourneur (puis petit patron), A. Bebel fut l’un des fondateurs du Parti social-démocrate allemand, dont il fut, jusqu’à sa mort, le plus grand dirigeant. Il occupa une place de premier plan dans le mouvement socialiste international.

BERKMAN, Alexander (1870-1936). Anarchiste américain, d’origine russe, A. Berkman tenta, en 1892, d’assassiner le directeur de l’usine de Homestead, alors en grève, et fut condamné à vingt-deux ans de réclusion. A. Berkman – libéré en 1906 – et E. Goldman furent, en 1919, expulsés des États-Unis vers la Russie, qu’ils quittèrent trois ans plus tard pour protester contre la répression bolchevique. Il séjourna ensuite à Berlin, où il publia de nombreux articles, notamment dans la revue théorique de la FAUD, Die Internationale, ainsi que deux brochures sur la Russie aux éditions Der Syndikalist : Die russische Tragödie [La tragédie russe], Berlin, 1923, 44 p., et Die Kronstadt-Rebellion [La rébellion de Cronstadt], Berlin, 1923, 31 p. En 1924, il écrivit une préface à l’ouvrage que R. Rocker consacra à J. Most. La FAUD édita également une traduction de ses mémoires (années de prison), en 1927. Malade, il se suicida, le 28 juin 1936, à Nice, par désespoir.

BERNSTEIN, Eduard (1850-1932). Journaliste et historien, E. Bernstein fut rédacteur de l’organe du parti, Der Sozialdemokrat, entre 1878 et 1890. Exécuteur testamentaire de F. Engels, il devait pourtant soumettre le « marxisme » à une critique rigoureuse et théoriser les pratiques réformistes de la social-démocratie allemande (« révisionnisme »). Ayant foi dans la démocratie et dans la puissance du mouvement ouvrier organisé, E. Bernstein considérait que l’attente messianique d’une révolution dont les « orthodoxes » – K. Kautsky en tête – étaient incapables de préciser les circonstances et le contenu, avait moins de valeur que l’énergie dépensée à arracher des réformes – « Le but n’est rien, le mouvement est tout ».

BÖMELBURG, Theodor (1862-1912). Député de 1903 à 1911, T. Bömelburg était secrétaire de la Fédération syndicale du bâtiment. Opposant résolu à la grève générale, il devait prétendre au congrès de Cologne (22-27 mai 1905) que, face à la réaction, le mouvement syndical allemand n’avait besoin que d’un peu de « tranquillité » pour atteindre un plus haut degré d’organisation.

BUSCH, Reinhold (1900-1988). Ouvrier serrurier, R. Busch remplaça F. Kater à la tête de la commission administrative de la FAUD en 1930. Cette succession ne fut pas aussi naturelle que ne l’indique R. Rocker dans ce texte. La jeune génération estimait, en effet, que les vieux « doctrinaires » avaient fait leur temps. Ainsi, il n’est pas impossible d’envisager que la mise à l’écart de F. Kater fût le résultat d’une manœuvre bureaucratique – comme le laissait penser une persistante rumeur qui courut dans les rangs de la FAUD au tout début des années 1930.

CORNELISSEN, Christian (1864-1943). Anarchiste-communiste et économiste d’origine hollandaise établi en France, C. Cornelissen fut l’un des plus grands théoriciens du syndicalisme révolutionnaire avant 1914. Membre de la première organisation sociale-démocrate des Pays-Bas avec F. Domela Nieuwenhuis, la Ligue socialiste (Sociaal-Democratische Bond, SDB), il fut l’un des fondateurs, en 1893, du Secrétariat national du travail (NAS), fédération anarcho-syndicaliste. Opposé au parlementarisme, C. Cornelissen adhéra à la Ligue des socialistes (Socialistenbond) qui avait succédé, en 1894, au SDB, après la scission des modérés, regroupés, sur le modèle allemand, au sein du Parti ouvrier social-démocrate (SDAP). En 1898, il quitta la Hollande pour la France et lutta dans les rangs de la CGT. Ardent propagandiste de l’internationalisme syndicaliste révolutionnaire, délégué aux congrès d’Amsterdam (1907) et de Londres (1913), il fut chargé, jusqu’en 1914, de rédiger un bulletin de liaison (Bulletin international du mouvement syndicaliste). Il se rangea pourtant du côté de l’Entente lors de la Première Guerre mondiale.

DAVID, Eduard (1863-1930). Universitaire et journaliste, député à partir de 1903, E. David adhéra à la fraction révisionniste et défendit E. Bernstein. En 1914, E. David fut l’un des plus ardents partisans du vote en faveur des crédits de guerre. Il finit ministre.

DOMELA NIEUWENHUIS, Ferdinand (1846-1919). « Ma vie est l’évolution d’un pasteur un peu croyant à un anarchiste par voie de la libre pensée et de la social-démocratie, un développement des idées graduellement et organiquement. » C’est en ces termes que F. Domela Nieuwenhuis, socialiste libertaire hollandais, résumait son évolution intellectuelle et politique, dans une lettre adressée (en français) à Victor Dave, le 28 avril 1907. Présent au congrès du Parti social-démocrate allemand de Halle (1890), il se prononça en faveur des « Jeunes » et devait reprendre leurs positions contre W. Liebknecht au congrès international de Bruxelles en 1891.

GOLDMAN, Emma (1869-1940). Anarchiste et féministe américaine d’origine russe. Couturière, elle fréquenta les groupes anarchistes juifs, rencontra J. Most à New York et se lia à A. Berkman. À partir de 1906, E. Goldman publia la revue Mother Earth. Elle séjourna en Europe avec M. Baginski et participa au congrès d’Amsterdam en 1907. En 1919, E. Goldman fut expulsée, avec A. Berkman, des États-Unis vers la Russie. Après un séjour à Berlin au cours duquel la FAUD publia ses impressions de Russie (Die Ursachen des Niederganges der russichen Revolution [Les causes de la dégénérescence de la révolution russe], Berlin, Der Syndikalist, 1922, 1928, 77 p.), E. Goldman rédigea, en France, ses mémoires (Living my life, New York, Knopf, 1931, 2 vol., 994 p.). Puis elle reprit ses tournées de conférences en Europe et en Amérique du Nord, apportant son soutien à la révolution espagnole – elle dirigea, alors, le bureau londonien de la CNT-FAI.

HASSELMANN, Wilhelm (1844-1916). Il fut l’un des dirigeants du parti lassallien, député entre 1874 et 1876 et entre 1878 et 1880. En 1880, exclu du parti, il rejoignit J. Most à Londres et émigra ensuite aux États-Unis.

KAMPFFMEYER, Paul (1864-1945). Fin publiciste, il fut l’un des meneurs de l’opposition des « Jeunes » ; il resta dans les rangs du SPD, évoluant vers le révisionnisme, et devint un auteur très prolixe sous la République de Weimar. Cependant, il conserva des liens amicaux avec R. Rocker et, après la répression du soulèvement de Kronstadt, il utilisa ses relations – son neveu était consul allemand à Riga – pour venir en aide à E. Goldman, A. Berkman et A. Schapiro, qui purent, en 1922, se rendre en Allemagne après leur fuite de Russie. De même, en 1928, et toujours à la demande de R. Rocker, il tenta d’obtenir un permis de séjour pour les trois fugitifs Buenaventura Durruti, Francisco Ascaso et Gregorio Jover, qui s’étaient réfugiés illégalement à Berlin après avoir été expulsés de France. La démarche se révéla, cette fois, infructueuse, car le Zentrum, parti catholique qui partageait à cette époque le pouvoir avec les sociaux-démocrates, refusa de donner asile à ceux qui étaient accusés d’avoir assassiné, en 1923, le cardinal Soldevila.

KESSLER, Gustav (1832-1904). Maître d’œuvre d’État, il fut d’abord, à Berlin, membre du Parti libéral, avant d’occuper des fonctions dans le mouvement syndical du bâtiment, notamment comme rédacteur de la feuille syndicale Der Bauhandwerker (L’artisan du bâtiment). Lourdement condamné lors des lois d’exception, il devait alors rejoindre le camp social-démocrate. Organisateur du premier congrès de la FVdG, en 1897, rédacteur jusqu’à sa mort de son organe, Einigkeit, il laissa durablement son empreinte sur un mouvement qui, sous son influence, se considéra longtemps comme l’« avant-garde syndicale du parti » (cf. F. Kater, Eine kurze Geschichte der deutschen sozial-revolutionären Gewerkschafts-Bewegung [Petite histoire du mouvement syndical socialiste-révolutionnaire allemand], Berlin, 1912, p. 5), – formule qui relève sans doute, de la part de F. Kater, d’une auto-justification a posteriori (pourquoi être resté si longtemps membre du SPD ?), des études historiques ayant démontré depuis que le taux d’adhésion au SPD était sensiblement le même dans les organisations centralistes et localistes. G. Kessler était, en effet, persuadé que le dualisme parti-syndicats n’était dû qu’aux conditions historiques particulières du développement de la social-démocratie allemande – loi sur les associations en Prusse – et que ces deux branches ne pouvaient, et ne devaient, former qu’un seul mouvement : c’est, d’ailleurs, pour cette raison que chaque organisation localiste de base s’était formée en lien avec une section locale du SPD. Au tournant du siècle, cependant, alors que la fusion semblait enfin possible, le SPD, « en retard » par rapport au mouvement syndical – qui avait amorcé sa centralisation dès 1892 –, abandonna progressivement sa structure décentralisée, héritée de la loi anti-socialiste, ce qui explique pourquoi la FVdG fit si souvent référence, par la suite, au programme du parti adopté à Erfurt en 1891. La nouvelle organisation, calquée désormais sur le découpage électoral, faisait perdre au parti son ancien parallélisme avec les sections de la FVdG, qui, nées de luttes de classes locales, refusèrent de le suivre sur la voie de la centralisation (et du parlementarisme à outrance). À partir de 1903, constatant que le SPD s’éloignait définitivement du localisme, Kessler se montra lui-même de plus en plus ouvertement hostile au parlementarisme.

KÖSTER, Fritz (1855-1933, dit Fridolin Cyclops). Ouvrier serrurier, anarchiste originaire de Dresde, il dirigea le journal localiste Der Pionier, puis, après la guerre, l’organe de la FAUD Der Syndikalist, mais aussi le quotidien de Düsseldorf Die Schöpfung. Militant anarchiste opposé aux « sociaux-démocrates aigris » de la FVdG – l’expression est de R. Rocker (in : Anarchisme et organisation, Paris, Spartacus, 1985, p. 37) –, F. Köster se montra toujours très critique à l’égard de la direction du mouvement syndicaliste révolutionnaire allemand. F. Kater désapprouvait, par exemple, le ton, selon lui trop radical (anarchiste), du journal Der Pionier. Après la guerre, F. Köster fut accusé (notamment par F. Kater) d’entretenir une tendance « individualiste » au sein de la FAUD. Il estimait que la FAUD devait mener des actions révolutionnaires, au lieu de se cantonner à des activités d’agitation et d’organisation. Parallèlement, suite au reflux révolutionnaire après 1921, l’activisme de F. Köster et de son groupe aboutit, dans la région de Düsseldorf, à des expériences concrètes : communautés libres, écoles libertaires, etc. En 1922, ayant sévèrement attaqué la commission administrative – et, par conséquent, F. Kater –, il fut aussitôt remplacé par Augustin Souchy à la tête de la rédaction du Syndikalist. Ces rivalités cessèrent vers 1923, lorsque la FAUD commença à décliner. L’existence de cette opposition à Düsseldorf montre que le mouvement (anarcho-)syndicaliste était loin d’être une organisation monolithique ; en son sein coexistaient des tendances plus ou moins antagonistes (pragmatisme de F. Kater versus anarchisme radical de F. Köster).

LANDAUER, Gustav (1870-1919). Né à Karlsruhe, fils d’un commerçant juif, il fit ses études à Zürich, où il entra en contact avec l’Union des socialistes indépendants (F. Köster, M. Baginski et H. Müller se trouvaient alors en Suisse). G. Landauer dirigea, à partir de 1893, l’organe Der Sozialist et s’investit, dès lors, dans le mouvement anarchiste allemand, en en devenant rapidement l’une des grandes figures. À partir de 1899, il entama un vaste travail théorique, étudia Proudhon et traduisit les œuvres de Kropotkine, qu’il rencontra en 1902 lors d’un voyage en Angleterre. En 1908, il fonda la Ligue socialiste (Sozialistischer Bund). Appelé en Bavière par Kurt Eisner en 1919, G. Landauer se rendit à Munich, où il occupa, entre autres, les fonctions de commissaire à l’Éducation du peuple. Membre du conseil central de la République des conseils de Munich, il fut exécuté, le 2 mai, par les troupes contre-révolutionnaires.

LASSALLE, Ferdinand (1825-1864). Socialiste autoritaire, national et réformiste, F. Lassalle fonda en 1863 l’Association générale des travailleurs allemands (Allgemeiner Deutscher Arbeiterverein), qui fusionna en mai 1875, à Gotha, avec le Parti ouvrier social-démocrate (« marxiste ») d’A. Bebel et de W. Liebknecht, fondé à Eisenach, en août 1869. L’influence de F. Lassalle, mort prématurément au cours d’un duel, restera très profonde dans le mouvement social-démocrate.

LEGIEN, Carl (1861-1920). Ancien ouvrier tourneur, député entre 1893 et 1920 et responsable de la commission générale des syndicats allemands de 1890 à sa mort, il fut le principal artisan de la centralisation et de l’institutionnalisation des syndicats avant la Première Guerre mondiale.

LIEBKNECHT, Wilhelm (1826-1900). Instituteur, surnommé le « soldat de la révolution », il fut l’un des fondateurs avec A. Bebel du SPD. Il était le père de Karl Liebknecht.

MOST, Johann (1846-1906). Relieur et journaliste né à Augsbourg, J. Most adhéra à l’AIT en Suisse, en 1867, puis au mouvement social-démocrate, l’année suivante, à Vienne, d’où il fut expulsé. À partir de 1871, il devint, en Allemagne, l’un des meilleurs agitateurs et polémistes du Parti social-démocrate. Connu pour son Abrégé du Capital (1873), J. Most était aussi influencé, comme beaucoup à l’époque, par Eugen Düring. Lors des lois d’exception, pas moins de dix brochures de J. Most furent interdites. Emprisonné peu avant l’instauration des lois d’exception – pour avoir fait l’éloge de la Commune de Paris –, il fut expulsé de Berlin et gagna Londres, fin 1878, où il devint rédacteur du journal Freiheit (Liberté). Au départ fidèle à la tactique de la social-démocratie, mais bientôt opposé, sinon à la capitulation, du moins à l’inertie du mouvement, J. Most devait alors évoluer vers un socialisme révolutionnaire « conspirateur », hostile au parlementarisme et d’inspiration « blanquiste », ce qui lui valut d’être exclu du parti au congrès de Wyden, en 1880 – les arguments invoqués contre J. Most étaient fondés sur ses attitudes désorganisatrices et son mauvais caractère (sic). Condamné à seize mois de réclusion après avoir salué l’assassinat du tsar de Russie Alexandre II, il émigra aux États-Unis en 1883. En Amérique du Nord, « John » Most consacra la fin de sa vie à l’anarchisme : il fonda un regroupement d’anarchistes – l’International Working People’s Association – et rédigea, dès lors, de New York, la Freiheit. Il mourut, à Cincinnati, des suites d’un zona.

MÜLLER, Hans (1867-1950). Universitaire et principal théoricien de l’opposition au sein du SPD au début des années 1890, on lui doit une histoire des « Jeunes » – Der Klassenkampf in der deutschen Sozialdemokratie [La lutte des classes dans la social-démocratie allemande (1892)]. En 1896, il fut élu à la tête de l’Union suisse des sociétés de consommation et devint l’un des dirigeants du mouvement coopératif international. D’observance réformiste, il enseigna, à partir de 1914, la coopération à l’université de Zürich.

NETTLAU, Max (1865-1940). Historien, scientifique et collectionneur anarchiste, M. Nettlau est né à Neuwaldegg (Autriche). Après des études de philologie (langues celtiques), il vécut à Vienne, puis à Londres et voyagea dans toute l’Europe en quête de documents anarchistes, dans un but à la fois d’étude et de préservation. Lié à Kropotkine, membre de la Socialist League puis du groupe Freedom, M. Nettlau publia d’innombrables travaux – dont une célèbre biographie de Bakounine « autocopiée », 1896-1900 – sur l’histoire de l’anarchisme. Ruiné par l’inflation au lendemain de la guerre – il perdit alors l’héritage familial qui, jusque-là, lui avait assuré un certain confort matériel –, il se fixa à Vienne et vécut dans des conditions difficiles. Jusqu’en 1933, il participa au travail d’agitation de la FAUD, qui publia ses principaux ouvrages. Il vendit, en 1935, ses collections à l’Institut international d’histoire sociale d’Amsterdam, où il résida jusqu’à sa mort.

OROBÓN FERNÁNDEZ, Valeriano (Vale) (1901-1936). Anarcho-syndicaliste espagnol, V. Orobón Fernández exerça comme journaliste, professeur et traducteur. Il fut militant de la CNT à Valladolid (1920) et en exil à partir de 1923. Après un séjour à Paris, il se rendit en Allemagne à partir de 1926, entra en contact avec la FAUD et collabora à la revue Die Internationale. À Berlin, il se lia à Hildegard Taege, une militante des Jeunesses anarcho-syndicalistes allemandes, qui devint sa compagne. En 1928, il traduisit en espagnol une étude de M. Nettlau consacrée à l’œuvre d’Elisée Reclus et rédigea, peu après, une brochure sur la situation en Espagne, que publia la maison d’édition Der Syndikalist : Sturm über Spanien [Tempête sur l’Espagne], Berlin, 1931, 24 p. De retour en Espagne à partir de 1931, il devint l’un des principaux théoriciens de la CNT. Il est l’auteur des paroles du célèbre hymne anarchiste espagnol A las barricadas.

REUTER, Fritz (1810-1874). Originaire du Mecklembourg, F. Reuter, écrivain et humoriste de grand talent, fut impliqué dans le mouvement étudiant libéral (Burschenschaft), arrêté à Berlin, en 1833, et condamné à mort. La peine fut « commuée » en trente ans de réclusion. Gracié en 1840, il exerça par la suite de nombreux métiers avant de se lancer dans l’écriture, sous l’influence de sa femme qui, légèrement bigote (fille de pasteur), craignait qu’il ne se perdît dans la vie de bohème. Très populaires, ses écrits en dialecte bas-allemand (Plattdeutsch) reprenaient des thèmes largement autobiographiques : la répression politique, la stupidité des hobereaux prussiens (Junker), le servage dans les grandes propriétés de l’Allemagne du Nord, où il fut lui-même, un temps, agronome.

● VOLLMAR, Georg von (1850-1922). Ancien officier (carabinier du pape !), d’abord social-démocrate de gauche au début des lois d’exception, G. von Vollmar évolua vers le réformisme à partir des années 1890. Il fut député de 1881 à 1886 et de 1890 à 1918.

WERNER, Wilhelm (1859-1941, dit « l’Eléphant »). Ouvrier imprimeur, W. Werner adhéra à la social-démocratie en 1883. Délégué au congrès de fondation de la IIe Internationale, à Paris, en 1889, il fut candidat aux élections en 1890 dans la circonscription de Teltow (Berlin). Au congrès d’Erfurt (1891), Werner refusa de se soumettre et fut exclu du parti. Leader des « Jeunes », éditeur du Sozialist, il devint l’un des pionniers du mouvement anarchiste allemand. De 1894 à 1915, il résida en Angleterre avant de rentrer à Berlin, où il continua de militer pour la cause anarchiste.

WILDBERGER, Carl (1855-1939). Ouvrier tapissier de Berlin, C. Wildberger fut exclu du SPD en 1891, avec W. Werner. Lorsque, en 1902, cette sanction fut levée, il réintégra le parti.

WILLE, Bruno (1860-1928). Ancien pasteur, écrivain-philosophe et dramaturge, B. Wille anima, en 1890, le mouvement des Théâtres populaires (Freie Volksbühne). À partir de 1892, il dirigea le journal des libres-penseurs allemands, Der Freidenker (Le libre-penseur).

[Notices biographiques établies par Gaël CHEPTOU.]