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A Contretemps, Bulletin bibliographique
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Le dire et le faire
À contretemps, n° 43, juillet 2012
Article mis en ligne le 17 juin 2014
dernière modification le 31 janvier 2015

par F.G.

■ André BERNARD
CHRONIQUES DE LA DÉSOBÉISSANCE ET AUTRES TEXTES
Lyon, Atelier de création libertaire, 2012, 280 p.

En chroniquant – favorablement –, il y a peu, Être anarchiste oblige ! [1], la très sobre autobiographie militante d’André Bernard, nous regrettions d’être un peu resté sur notre faim. En précisant toutefois que son auteur avait sans doute trouvé la seule méthode qui lui convînt pour affronter, sans forcer sa modestie, ce difficile exercice de dévoilement : adjoindre à un récit autobiographique volontairement épuré quelques-uns de ses écrits précédents qui, par les thématiques abordées et les souvenirs y affleurant, le recoupaient, le précisaient et l’enrichissaient. Avec ces Chroniques de la désobéissance, qu’on peut lire comme une suite à cette autobiographie, la méthode se confirme. Le livre s’ouvre, en effet, sur un court entretien avec Mimmo Pucciarelli – qui revient sur certains aspects du parcours d’André Bernard (son adhésion au groupe surréaliste, entre autres) –, puis repart vers des horizons plus larges, moins personnels en tout cas. Ici, ce sont les chroniques « littéraires » que l’ancien réfractaire donne bi-mensuellement à l’émission « Achaïra » de la bordelaise radio La Clé des ondes qui, regroupées, trament assez précisément l’imaginaire libertaire auquel il se rattache et qui chemine sur les sentiers de l’hétérodoxie, de la non-violence active et de la désobéissance civile – thématiques également présentes dans d’autres articles insérés dans ce volume. Au fond, André Bernard se montre beaucoup plus à l’aise à parler des autres qu’à parler de lui-même, ce qui l’honore. Mais parler des autres, et notamment des auteurs (anarchistes, mais pas seulement) qui le touchent, c’est aussi parler de lui, et plus encore de cette « aimantation », à bien des égards poétique, qui l’attira vers l’anarchisme et l’obligea, dans sa vie même, à cultiver une certaine forme d’exigence militante. Un anarchisme sans clôtures, évidemment, où le dire et le faire marchent toujours du même pas.

Freddy GOMEZ