A Contretemps, Bulletin bibliographique
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Refus d’obtempérer
Article mis en ligne le 10 juillet 2023

par F.G.


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Gestion ultra-policière de la question sociale et étalage du colossal mépris suintant d’une communication aussi primaire qu’insultante pour tous ceux qui subissent les méfaits d’une politique au service des plus riches et des jeunes cadres de l’efficience sont les seules méthodes que connaît le pouvoir macroniste. Corollaire de cette culture de DRH mise, sous protection policière, au service exclusif des financiers, la Macronie laisse la police, sa garde prétorienne, s’abandonner à l’extrême droite et à sa haine pathologique, qui devient la règle dans une force militarisée s’enfonçant de plus en plus dans l’abjection. Comme un glaçage sur une pâtisserie empoisonnée, les mensonges de Darmanin, qu’il produit à la pelle (à tarte), ne s’embarrassent d’aucun scrupule. De son côté, son fan-club de perroquets – il est gentil, Macron, et tellement intelligent – répète les mantras de son idole. Ce pouvoir est obscène.

Feriez-vous confiance au FSB pour enquêter sur les crimes de guerre de l’armée russe en Ukraine et en Syrie ou à la CIA sur ceux des États-Unis en Irak et en Afghanistan ? Avec l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN), machine à blanchir les délinquants en uniforme, on a du mal à croire que le crime, en bleu, ne paye pas. Demandez aux supporters anglais ce qu’ils en pensent ? La « racaille » n’est pas qu’aux pieds des cités. L’attestent les comportements délinquants des hommes et des femmes en charge de sauver le soldat Macron.

Quand on les voit se déployer comme armée d’occupation dans des quartiers où leur tâche, accomplie avec zèle, est de harceler leur ennemi « racisé », on sait que, quoi qu’on dise ou qu’on fasse en défense d’une république simplement républicaine, notre légitimité sera contestée par le fan-club qui ne nous reconnait aucune légitimité à nous exprimer en tant que « corps social ». Car le peuple n’existe pas depuis qu’il a été aboli par décret élyséen.

Nous voici donc acculés à subir en silence les agressions médiatiques que constitue chaque prise de parole du fan-club et de ses dirigeants autosatisfaits. L’injonction n’est pas négociable. Et si nous ne marchons pas dans ce marché de dupes qui tient lieu de politique sociale ou écologique, comme à Sainte-Soline ou à Marseille, des forces spéciales nourries aux jeux vidéo laissent pour mort des corps de jeunes hommes dont la vie ne compte pour rien à leurs yeux. Ainsi, l’ONU et la Cour européenne ont « dénoncé le recours à des interventions violentes et disproportionnées de la part des autorités publiques lors de protestations et de manifestations pacifiques » sans que cela ne contrarie le moins du monde l’assurance des bouchers qui ont ordonné l’armement et légitimé les criminelles méthodes de guerriers vengeurs – avec en complément, cela va de soi, leur impunité totale. Les règlements de compte ne relèvent pas simplement des mœurs des dealers. L’État en sait quelque chose. Pas très reluisant tout ça…

Mais rien ne trouble cette aimable compagnie qui fait fan-club. La conscience de la caste ne s’en trouve pas chavirée. Sa capacité d’empathie se résume à l’exercice d’un entre-soi flatteur où mitonne ce que les hommes et les femmes de bien cultivent avec certitude : « Nous sommes le sel de la terre. » Le sel sur la plaie, plutôt, celle qui saigne après un tir de LBD.

Le rêve de cette caste, c’est que nous n’existions pas ou que nous fermions nos gueules comme les loufiats qui les servent à table. Pour eux, nous ne sommes rien, rien que des chiffres, des graphiques, des pourcentages, des statistiques. Bref, un tableau Excel. Une commodité.

L’incompréhension entre eux et nous est donc totale. Et, par effet porté, la violence inévitable.

Quelqu’un pourrait-il dire à Macron que ses prestations médiatiques ne suffiront pas à nous endormir dans la douce torpeur estivale de nos abandons. Que c’est trop tard. Qu’il en a trop fait dans la provocation.

On ne sait pas comment tout cela va tourner. Aux heures de basses eaux, il m’arrive de me chanter « Elle n’est pas morte ! », la chanson du communard Eugène Pottier : « On l’a tuée à coups d’chassepots / À coups de mitrailleuses / Et roulée avec son drapeau / Dans la terre argileuse ! / Et la tourbe des bourreaux gras / Se croyait la plus forte / Tout ça n’empêche pas, Nicolas / Qu’la Commune n’est pas morte ». Les révoltes non plus. Même si, avec Macron et la clique qui l’entoure, les versaillais ont enfin trouvé des héritiers dignes de leurs crimes et assumant cette indignité. Sans regrets, sans remords, sans culpabilité et même avec une assurance apparemment joyeuse.

Jean-Luc DEBRY



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