Un qui fait deux, deux dont on attend trois
Et, le matin, on entend feu partez…
Le grand cirque vient de recommencer
La course à l’échalote et aux poncifs
Un sacré grain, camarades
Ça secoue la raison
Ça agite la sagesse
Ça érode la tempérance
Le génie du CAC 40 ne parle qu’aux siens

Toute cette prétention radieuse comme un mensonge
Toute de satisfaction étalonnée
Les pisse-copie de la com’ se régalent
La tourmente les faits
L’effet de leur parole inverse la marche
Des petits jeux inaudibles

Les larmes, les angoisses, la dépression
Tout les exonère d’un examen de conscience
Car :
L’autre est un scélérat
Donc :
Mentir n’a pas d’importance
Parce que :
Le mépris est la moindre des choses

Méprise-t-on une chose ?
On ne méprise
que…
Les infirmières et infirmiers
Les enseignants et fonctionnaires
Les ouvrières et/ou les ouvriers
Petites gens
Modestes revenus
Ceux qui mettent leurs enfants à l’école publique
Se soignent à l’hôpital public
Ceux qui ne sont pas capables d’économiser pour leur retraite
Tous ces locataires qui utilisent leur voiture pour aller travailler
à plusieurs dizaines de kilomètre de leur lieu de résidence
et n’ont même pas les moyens de se payer une voiture électrique
Tous ceux qui ne sont pas à leur compte
– rêves étriqués des sans-grades –
Tous les obscurs qui triment dans les soutes du bien-être

Et Louis-Philippe
Pousse vers la révolte, la colère et la haine
Les cœurs tendres qu’il réprime dans la joie et la bonne humeur de sa police
Police devenue une officine de l’extrême droite
Tous ceux qui rechignent à les admirer seront
humiliés,
molestés,
diffamés
Tous ceux qui hurlent « on est là », « on existe »
On leur offrira le mépris, la suffisance ambitieuse,
la violence d’une police abandonnée à ses démons
On ne dira plus la police de Pétain et la police de la République
On dira la police de Macron et la police de Grimaud
Dans ces conditions comment peut-on aimer son bourreau
C’est pathétique, il réclame notre amour après nous avoir craché au visage

Vous avez choisi entre la haine moche et la haine classe
Eh bien, manifestez maintenant
Le pouvoir se contrefout de votre existence
Il ne vous tolère que
silencieux,
résignés,
calamiteux comme le sont les subalternes des génies
Taisez-vous !
Mangez vos soupes de légumes bios,
le visage rafraîchi par le vent des éoliennes
Et tenez-le-vous pour dit
L’État traite ses citoyens comme les dirigeants d’entreprise planifient
des plans de licenciement massifs,
des restructurations,
des gains de productivité
et dégraisse la masse salariale
Le pays est géré comme une entreprise
Et chaque fois que l’on dit que l’humain est au centre
Soyez assuré qu’il s’écarte chaque jour un peu plus de la simple humanité
Le salarié n’est que la pièce d’une machine à créer de la Valeur
Qu’importe
Et si on peut s’en passer, c’est tant mieux
La privatisation des services publics accroît les inégalités
Qu’importe
Qu’importe puisque les amis de Louis-Philippe s’enrichissent

L’aumône d’une prime pour aimer ses maîtres
Justes et bons, on vous dit
Taisez-vous, résignez-vous, contentez-vous de ce que vous n’aurez plus !
La dignité, elle ne vous sert à rien, car vous n’êtes rien, peuple benêt
Bien bon de vous laisser râler avec l’inélégance des gueux

Louis-Philippe à l’Elysée
La médiocrité ravie des grandes fortunes
Les rebus du bien commun livrés à l’opprobre public
S’empoignent
Mais
Louis-Philippe ne fut pas Louis Napoléon Bonaparte
Mais
Le triste brouillon d’une médiocrité cynique
Dont la suite fut la continuité en pire
Le cœur y était
Napoléon le Petit rafla la mise
Louis-Philippe ne laissa que le souvenir de sa caricature
Ce qu’il fut
Et ce que Jupiter s’emploie à peaufiner
Sa propre caricature entre deux prétentions

Jean-Luc DEBRY