■ Charles-Louis PHILIPPE
CHRONIQUES DU « CANARD SAUVAGE »
Édition revue, corrigée et augmentée
Préface et notes de David Roe
Bassac, Plein Chant, « Voix d’en bas », 2012, 192 p., ill.
Charles-Louis Philippe (1874-1909), auteur de l’immortel Bubu de Montparnasse, roman autobiographique qui connut, en 1901, un beau succès d’estime et de scandale, fut aussi un épatant chroniqueur de faits divers pour La Revue blanche, L’Ermitage et Le Canard sauvage. Réunis en volume, on trouvera ici une quarantaine de ses textes, dont la plupart portent sur des crimes crapuleux, des assassinats politiques et des drames de la misère ou de la folie. « J’ai tenté de comprendre “l’orphelin sans asile” et de le dire à ceux qui me liront », écrivait Philippe. Ou encore, à propos de Czolgosz, l’assassin d’un président des États-Unis d’Amérique : « Il y a des hommes desquels rayonne la sympathie avant toute parole, et à qui déjà l’on adresse le meilleur de soi-même parce qu’ils cheminent et parlent selon leur vérité. […] C’est une image que plus d’un conservera, celle du jeune Czolgosz qui mourut avec simplicité et qui disait : “J’ai tué le président Mac-Kinley parce qu’il n’aimait pas les ouvriers.” » Admirable.
■ André et Dori PRUDHOMMEAUX
CATALOGNE LIBERTAIRE 1936-1937
suivi de Que sont la CNT et la FAI ?
Toulouse, Les Cahiers du Coquelicot, n° 3, 2012, 106 p., ill.
Réédition d’un classique du couple Prudhommeaux, originellement publié par les Cahiers de Terre libre (mars 1937), qui réunit des matériaux – « rédigés à la diable, dans la surexcitation de la lutte au jour le jour » – sur la révolution espagnole. Cet opuscule, qui devait déboucher sur une étude d’ensemble de la guerre civile, aborde in vivo la question de « l’armement du peuple », puis, à partir d’une traduction d’un texte rédigé par des « camarades allemands », celle de « l’histoire du mouvement anarcho-syndicaliste espagnol ». Pour une vision d’ensemble du parcours de cet « anarchiste hors les murs » que fut André Prudhommeaux, le lecteur se reportera au numéro thématique que nous lui avons consacré en février 2012 (n° 42).
■ RÉSEAU CITOYENS RÉSISTANTS,
LA FORCE DU COLLECTIF
Entretien avec Charles Piaget
Paris, Libertalia, 2012, 64 p.
Initié par le Réseau citoyens résistants (RCR), organisateur du rassemblement annuel des Glières, cet entretien avec Charles Piaget, qui en est lui-même membre, revient sur la lutte des Lip qui, débutée en 1973 à Besançon, déboucha, malgré ses limites, sur un processus autogestionnaire de belle ampleur. De cette expérience, dont il fut l’un des porte-parole, Piaget a tiré un enseignement définitif : « Le collectif est la seule solution digne, efficace, face à l’arbitraire, à la primauté du fric sur l’humain. Il est un facteur indispensable à l’émancipation individuelle et collective. »
■ Wally ROSELL (coord.)
ÉLOGE DE LA PASSE
Changer le sport pour changer le monde
Saint-Georges d’Oléron, Les Éditions libertaires, 2012, 192 p., ill.
À vrai dire, et même si ça aide, on n’est pas obligé d’apprécier le football, et encore moins de le pratiquer, pour trouver quelque intérêt à ce très jouissif Éloge de la passe. Car ce livre vaut surtout pour ce qu’il nous apprend sur le rapport (de classe) que les prolétaires anglais entretinrent, au temps de la révolution industrielle, avec le passing game, mais aussi sur l’éruption révolutionnaire que connut le foot français en Mai 68, sur la passion de Camus pour le ballon rond ou encore sur la pratique, finalement plus répandue qu’on ne le pense, d’un jeu libertaire. Sur tous ces sujets, sur d’autres encore, la belle humeur qui se dégage de cet ouvrage est communicative, et ce d’autant que, richement illustré, il contient quelques contre-pieds fort intéressants, parmi lesquels nous signalerons, à toutes fins utiles, « Tribulations d’un footballeur désabusé », de Philippe Pelletier, et « Recevoir, donner, rendre, en quoi ces notions sont-elles communes au foot et au socialisme ? », un entretien avec Jean-Claude Michéa.