organe allemand de la CGT (1911-1912)
Le 1er mars 1911 paraît le premier numéro du Syndikalist, journal mensuel de tendance syndicaliste révolutionnaire en langue allemande, dont le siège de la rédaction est à la Maison des fédérations dans le dixième arrondissement de Paris. La parution est assez irrégulière. Dix numéros vont être publiés en tout et pour tout, le dernier datant de mars 1912. Cette feuille de quatre pages coûte alors dix centimes en France, dix pfennigs en Allemagne ou dix deniers en Autriche ; l’abonnement annuel est respectivement à un franc, un mark ou une couronne. Quant au tirage, qui se situe autour de 1 500 exemplaires, on peut dire qu’il est relativement élevé, en particulier pour ce genre de publications destinées à des groupes de travailleurs immigrés [1].
C’est un groupe parisien de syndicalistes révolutionnaires allemands – la Commission de propagande syndicaliste –, qui, bénéficiant du soutien plus ou moins officiel de la CGT, va fonder le Syndikalist. Il est fort probable que cette commission, constituée fin 1910, soit elle-même issue du Club allemand de libre discussion, une association d’anarchistes germanophones qui, sous l’impulsion de Senna Hoy– « enfant terrible » du mouvement anarchiste allemand [2] –, se réunit à Paris depuis 1906 et dont les écrivains Emil Szittya, Hans Richter ainsi que (le futur) Blaise Cendrars ont été proches [3]. Si on en croit justement Szittya [4], la rédaction en chef de l’organe syndicaliste allemand a été confiée à un collaborateur régulier de La Vie ouvrière et, plus tard, de La Bataille syndicaliste, Victor Roudine – lequel est un militant syndicaliste d’origine juive russe ayant fait des études de philosophie en Allemagne et dont certains écrits ont par ailleurs gardé un intérêt durable.
Les buts du Syndikalist sont clairement affirmés dans l’annonce de parution envoyée aux diverses publications anarchistes et syndicalistes d’Allemagne et d’Autriche : « Soutenir les efforts de la [Commission de] propagande syndicaliste, qui s’est donné pour but de faire adhérer aux syndicats français la grande masse des travailleurs de langue allemande ».
On y lit aussi : « Le journal éclaircira la nature du syndicalisme révolutionnaire des travailleurs français au plan théorique et pratique. Ayant gagné ses premiers collaborateurs syndicalistes français, il va pouvoir largement contribuer au développement de l’internationale syndicaliste révolutionnaire. » [5]
Dans sa déclaration d’intentions [6], la rédaction du Syndikalist se sent tenue d’expliquer le choix d’un titre dont la signification n’est peut-être pas évidente d’emblée, du moins pour les non-initiés à l’action directe : le titre – le même que celui que prendra l’organe de la Freie Vereinigung deutscher Gewerkschaften (FVdG)/Freie Arbeiter-Union Deutschlands (FAUD) [7] en décembre 1918, sans qu’il y ait pour autant un lien de parenté, même lointain, entre les deux – exprime « un programme complet » dont les auteurs entendent montrer qu’il « émane de la vie laborieuse elle-même, du combat quotidien ». Un programme, en somme, qui reflète tant les expériences que les travailleurs ont accumulées dans leurs luttes de classe que les nobles espérances qui les animent. On se propose, autrement dit, de faire connaître et de propager, parmi les ouvriers allemands travaillant en France, les principes et la tactique de la CGT qui, quant à elle, ne verrait pas les syndicats comme des caisses de soutien mais uniquement comme des organisations de combat. La tâche spécifique du Syndikalist, c’est précisément d’inciter les ouvriers allemands immigrés à adhérer aux organisations françaises, de façon qu’ils puissent, aux côtés de leurs camarades français, y faire l’expérience de la lutte syndicaliste « contre l’ennemi commun ». « Cette participation, est-il précisé, ne sera pas seulement profitable au mouvement ouvrier français, mais aussi, et en premier lieu, au mouvement ouvrier allemand. Car, revenus dans leur “patrie”, ceux qui auront appris les nouvelles méthodes de lutte deviendront les pionniers du mouvement révolutionnaire en Allemagne et en Autriche. » [8]
Il s’agit ici, au fond, de tirer avantage de deux particularités de l’immigration ouvrière allemande. La première, c’est que, le taux d’encadrement syndical étant très élevé en Allemagne [9], une part importante des travailleurs allemands en France, préalablement « élevée à la conscience de classe », a le devoir – du moins en théorie – d’adhérer aux organisations syndicales françaises pour affirmer l’unité internationale du prolétariat, quelles que soient les réserves, au demeurant, qu’elle peut avoir à l’égard du syndicalisme révolutionnaire. La seconde tient en ceci que, dans la grande majorité des cas, ces migrations de travail et de formation sont des migrations temporaires (ou saisonnières) de quelques mois ou quelques années. Elles sont rarement définitives : ces ouvriers rentreront un jour ou l’autre en Allemagne où ils reprendront, peut-être, leurs activités syndicales.
Dès la parution du premier numéro, le Cartel des ouvriers de langue allemande est amené à protester, et vivement, contre la publication du mensuel syndicaliste [10]. C’est que, en décembre 1907, les différentes sections syndicales germanophones, qui se sont progressivement constituées au sein des organisations de la Seine, se sont regroupées en comité intersyndical précisément pour rappeler à leurs devoirs syndicaux les ouvriers allemands de la capitale – lesquels, par leur éventuelle défection, risquaient non seulement de travailler au rabais, mais encore de donner, à un moment particulièrement mal choisi, une mauvaise image du syndicalisme allemand. De plus, en 1910, ledit Cartel propose aux dirigeants syndicalistes français de fonder, sous le contrôle de la CGT, un journal de propagande en langue allemande dont la nécessité se fait alors cruellement sentir [11]. Sous le contrôle de la Confédération, parce que le Cartel, dont la plupart des membres restent imprégnés de la « méthode allemande », veut justement éviter tout reproche de partialité et de séparatisme [12]. Et afin, bien entendu, de recevoir quelque soutien financier. Le projet, qui s’éternise pour diverses raisons (actualité sociale, attitude de méfiance, etc.), tourne court quand est imprimé le journal Der Syndikalist auquel, d’ailleurs, plusieurs militants français de premier plan ont formellement promis leur collaboration. Pour le Cartel, il est évident que l’organe de presse doit remplir un tout autre rôle que celui que lui assigne la Commission de propagande syndicaliste : « Nous voulions fonder, tout d’abord, un organe qui nous eût permis d’attirer davantage les indifférents complets qui malheureusement se trouvent aussi en très grand nombre parmi les travailleurs allemands de Paris. […] Nous voulions, seulement, et en premier lieu, fournir des adhérents à l’organisation, sans leur imposer ni le drapeau du syndicalisme révolutionnaire, ni celui du réformisme évolutionnaire. […] Dans la mesure où nous adressons aux organisations françaises compétentes les travailleurs gagnés à la cause, les « collègues » allemands auraient pu, au sein de ces organisations, après avoir examiné la situation générale, s’orienter par eux-mêmes vers l’une ou l’autre tendance. Ainsi, le journal aurait dû être principalement composé de rapports objectifs sur le mouvement syndical français et étranger, d’articles au contenu informatif ou divertissant ; il aurait donné aussi de larges comptes rendus de la vie et de l’action des sections syndicales du Cartel, dans le but de les rattacher ensemble par un lien plus solide que les rencontres occasionnelles qui ont eu lieu jusqu’à maintenant. » [13]
De fait, au sein du Cartel, il est davantage question d’élévation du niveau d’instruction générale et technique des travailleurs que d’action subversive de classe comme préparation révolutionnaire.
Ayant pris conscience de la nécessité d’un organe en langue allemande pour venir à bout de cette « semence de haine […] qui conduit les travailleurs à se surpasser mutuellement dans la surproduction et la servilité » [14], le Comité confédéral décide, alors, que la CGT prendra elle-même en main la publication du Syndikalist, qui portera, à partir de son quatrième numéro (août 1911), le sous-titre d’« Organe de la Confédération Générale du Travail ». Si les dirigeants syndicalistes français se refusent à privilégier la tendance syndicaliste allemande, c’est parce qu’ils estiment qu’il faut accepter – comme moindre mal et comme seul et réel moyen d’organiser les travailleurs allemands – le modèle d’intégration linguistique que représente le Cartel. Ils posent, donc, une seule condition : à savoir que l’« entente » se fasse entre les deux groupes rivaux qui finissent, d’ailleurs, par former une rédaction paritaire où « doit être bannie toute querelle personnelle ou idéologique ». Désormais, le journal est financé grâce aux fonds alloués par les fédérations syndicales dans les rangs desquelles la forte proportion d’immigrés germanophones rend l’entreprise nécessaire, en particulier les organisations des ouvriers sur bois, de la métallurgie, de l’alimentation, de la coiffure, des cuirs et peaux (il est dit que quinze fédérations sont directement concernées). Mais la pression croissante de l’aile réformiste du Cartel contre l’organe, qui se traduit dans les pages du Syndikalist par la juxtaposition d’articles antagonistes [15], en plus de difficultés matérielles, va déboucher sur une crise ouverte : la majorité du Cartel décide, alors, de se retirer de la rédaction, et seule la section syndicale des métallurgistes allemands va continuer de soutenir le journal [16].
Georges Yvetot, le secrétaire de la Fédération des Bourses du travail, est le premier syndicaliste français à participer au journal Der Syndikalist. Il y publie deux longs articles, dont le tout premier éditorial où il précise ce qu’il attend des ouvriers allemands qui résident en France, tout en exprimant son point de vue sur la fonction du nouvel organe. Pour lui, la simple adhésion des travailleurs immigrés aux organisations françaises est loin d’être suffisante. Il est non moins de leur devoir de s’intéresser aux conditions dans lesquelles leur syndicat est amené à lutter. Car, d’après Yvetot, pour comprendre le syndicalisme révolutionnaire, il faut le vivre intensément au quotidien – « c’est plus dans l’action que dans les livres qu’on doit aller le chercher », déclare Monatte au congrès d’Amsterdam. « Nous sommes convaincus, écrit Yvetot, que vous auriez une meilleure et plus juste opinion de nous autres, que vous comprendriez mieux nos vues et nos actions, si vous veniez nous rejoindre plutôt que de prêter l’oreille – comme vous l’avez fait jusqu’à maintenant – aux journalistes et aux politiciens qui sont incapables de comprendre le mouvement ouvrier en France, justement parce qu’ils n’en font pas partie. Ils s’y entendent, par contre, pour tromper et priver de leurs droits ceux qui les croient sur parole. Camarades allemands, ne leur faites pas confiance. Faites-vous une opinion vous-même sur nous ! » [17]
Yvetot dénonce, à sa manière, l’« atmosphère de dénigrement » dont est victime la CGT sur le plan international depuis 1904-1905 [18] et l’influence néfaste de la puissante presse sociale-démocrate allemande, cette « journaille anti-révolutionnaire » dont parle le militant syndicaliste suisse Fritz Brupbacher dans ses Mémoires [19]. La tactique de la CGT va, alors, consister à essayer d’entrer en relation directe avec les masses d’Allemagne dont elle pense, dans une perspective foncièrement « basiste », que l’esprit de révolte existe à l’état latent mais qu’il est tout simplement étouffé par les chefs centralistes –, un esprit dont il faut aussi guetter les signes d’apparition dans les luttes en Allemagne (notamment quand celles-ci tendent à s’opposer aux directions syndicales). D’ailleurs, le Syndikalist est lui-même un exemple concret de cette nouvelle tactique. C’est avec cette même arrière-pensée qu’une délégation de la CGT, répondant à l’invitation des centralistes allemands, se rend à Berlin en juillet 1911 [20]. Victor Griffuelhes, quant à lui, s’empresse de mettre en garde contre toute idée d’importation ou de plagiat de la « méthode allemande » dans un article au titre significatif (« Restons nous-mêmes »), qu’il rédige spécialement pour le Syndikalist mais qui paraît à l’avance dans La Bataille syndicaliste : « Dans le cadre de Paris, la femme teutonne prendra l’allure parisienne ; dans le cadre de Paris, la femme française ne peut prendre l’allure teutonne. Voilà une vérité évidente. De même, transportez à Paris les coffres-forts de l’Allemagne ouvrière et vous ne les aurez pas remplis du même coup. Le syndicalisme n’est pas une camelote teutonne que l’on exporte et qu’on fait accepter partout d’autant qu’il nous arriverait fabriqué d’un métal trop rigide par l’orgueil, trop flexible par son emploi. La générosité est un produit qui vient sur place. Il ne se met pas en flacon, il se consomme là où il pousse et de cette graine nous avons à revendre. » [21]
C’est, en somme, à la classe elle-même que ces immigrés allemands doivent s’intégrer, à ses combats, à son mouvement, à son histoire même, et non pas à la société française en tant que telle [22]. De là, l’importance que le Syndikalist accorde à la vie et aux luttes du prolétariat autochtone. Édouard Sené – militant anarchiste – y tient une chronique régulière qui s’intitule « La France qui lutte » et dans laquelle il aborde, du point de vue syndicaliste, les questions brûlantes du mouvement ouvrier français. Le journal publie également des contributions qui expliquent le fonctionnement des différentes structures de la CGT et certains aspects du syndicalisme révolutionnaire, comme l’antimilitarisme ou l’antipatriotisme [23]. Dès le deuxième numéro, dans une nécrologie de Fernand Pelloutier pour le dixième anniversaire de sa mort, la rédaction – Victor Roudine lui prête ici sans doute sa plume – invite les lecteurs à honorer « nos morts » : « Ce nom sonne étrangement pour nos lecteurs. Pourtant, il évoque chez les militants d’aujourd’hui toute une période du mouvement ouvrier en France, l’époque héroïque du syndicalisme révolutionnaire. Car Fernand Pelloutier est le véritable organisateur de la classe ouvrière française dans sa forme moderne. Ah, nous savons fort bien que certains professeurs allemands de science bourgeoise ou “prolétarienne”, pour des raisons faciles à comprendre, aimeraient faire passer divers théoriciens de cabinet et révolutionnaires de salon, se trouvant en dehors du mouvement ouvrier, pour les fondateurs et les porte-parole du syndicalisme révolutionnaire. Il est évidemment plus facile de chercher le sens du syndicalisme révolutionnaire dans quelques brochures plus ou moins bien écrites que de regarder bien en face, avec honnêteté et sans préjugés, le mouvement réel dans toute sa complexité et ses véritables représentants. » [24]
La rédaction encourage, dans le même sens, à prendre activement part à toutes les grandes manifestations du mouvement ouvrier français, et en particulier à celle du 1er-Mai, symbole des revendications ouvrières et de la fraternité internationaliste : « Vous avez lu les appels des organisations françaises. En ce jour du 1er mai, où partout la solidarité internationale abat les frontières étatiques artificielles, il s’agit plus que jamais pour nous de défiler main dans la main avec nos camarades français. Avec eux, nous exprimerons avec force notre haine contre l’infamie régnante et notre aspiration à un monde meilleur. Coude à coude avec eux, nous participerons, en soirée, à la manifestation contre la guerre. Car il est surtout de notre devoir de protester contre les excitations guerrières des gouvernements allemand et anglais. » [25]
L’insistance avec laquelle le journal exhorte ses lecteurs à se tenir aux côtés des ouvriers français est aussi une manière de se démarquer du Cartel et des groupes socialistes immigrés d’Europe centrale et de Russie. En effet, ceux-ci organisent traditionnellement ensemble, à Paris, en l’après-midi du 1er mai, une manifestation séparée, plus festive et plus familiale, sur le modèle de ce que font alors, en Allemagne, les sociaux-démocrates.
Qu’en est-il de la réception du Syndikalist à l’étranger ? Elle est non seulement très faible, elle est aussi négative, et ce pour deux raisons essentielles. D’une part, parce que, parmi les anarchistes allemands et autrichiens, reproche lui est fait de défendre une forme exclusiviste de syndicalisme d’action directe. D’autre part, parce que le premier numéro du journal s’en prend assez violemment à la tactique scissionniste de l’Union libre des syndicats allemands, cette minorité syndicaliste révolutionnaire qui eût pu en devenir le foyer de diffusion en Allemagne : « Quand bien même les camarades organisés à la manière localiste ont les meilleures intentions du monde, nous ne devons nous faire aucune illusion à ce sujet : leur sphère d’influence est très réduite, et elle le restera. Car c’est dans les syndicats centralisés que le gros de la classe ouvrière est, et restera, rassemblé. Ainsi, toute action qui vise à montrer aux ouvriers allemands de nouvelles voies ne saurait être entreprise qu’au sein même de ces organisations. Entrons dans les syndicats centralisés doit, donc, être le mot d’ordre pour tous. » [26]
Ce n’est évidemment pas du goût des « localistes » de la FVdG qui, malgré l’intérêt qu’ils semblent avoir eu pour le journal dans un premier temps, répondent en critiquant ces « lunettes françaises » que ne peut s’empêcher de mettre la rédaction du Syndikalist pour regarder la situation allemande. Les syndicalistes révolutionnaires français, écrit la rédaction d’Einigkeit, « sont dominants dans leur pays, tandis que nous autres en Allemagne, au contraire, nous devons livrer bataille précisément sous la domination du système de la centrale syndicale allemande – laquelle est d’ailleurs liée à la CGT sur le plan international –, sous la domination, donc, de la Commission générale des syndicats et des grandes fédérations centralisées qui y sont affiliées [...]. Il [l’auteur de l’article du Syndikalist] semble méconnaître les résolutions des congrès des syndicats centralisés en matière de propagande syndicaliste révolutionnaire, ainsi que celles des congrès du Parti social-démocrate adoptées contre les propagandistes des méthodes de lutte syndicalistes. Il semble ignorer que, dans les syndicats allemands centralisés, il n’est pas permis de parler, si peu que ce soit, de grève générale ou d’action directe, de sabotage ou de résistance passive. Et encore moins d’y faire ouvertement du prosélytisme [...]. Il semble ne pas avoir encore réalisé que le socialisme communiste est gravement menacé par le développement et, au fond, par tout le système des syndicats centralisés [...]. Si l’auteur l’avait compris, il ne pourrait faire aucune concession au principe du strict centralisme. Centralisme et communisme s’excluent l’un l’autre. Ce sont des ennemis, et ils doivent l’être si le syndicalisme révolutionnaire, qui doit nous mener à la société socialiste-communiste, veut vaincre. C’est pourquoi : non pas “entrons !”, mais “sortons des fédérations centralisées !”, tel est notre mot d’ordre. » [27]
Il est à noter, à ce propos, que, sur la base d’un article du Syndikalist consacré aux statuts de la CGT [28] et reproduit dans ce même numéro d’Einigkeit, on en vient à considérer que l’organisation « localiste » est en avance sur la Confédération, dans la mesure où son « caractère communiste » est plus nettement affirmé et qu’elle est bien moins compliquée ou touffue.
Le dernier numéro du Syndikalist, un « numéro illustré spécial antimilitarisme » (n° 10, mars 1912), témoigne de ce que la lutte contre « la guerre qui vient » est désormais la lutte prioritaire de la CGT et qu’elle entend préserver coûte que coûte l’unité internationale du prolétariat.
On ne sait rien de la fin prématurée du journal allemand. Mais il fait peu de doute que les soucis financiers ont fini par en avoir raison, étant donné les nombreux appels au soutien des lecteurs qui se succèdent et qui se font de plus en plus insistants.
Gaël CHEPTOU